lundi 3 février 2020

Je crois que je m'étais un peu perdue et que je me suis un peu retrouvée.

Le monde va tellement vite que la question n'est plus de savoir si l'on va bien ou mal mais d'arriver à déterminer si l'on est encore soi.

Je n'écris plus et pourtant il faudrait écrire davantage, noter quelque part ce mélange de joies et de peines qui font la vie d'aujourd'hui afin de ne pas la laisser sombrer totalement dans l'oubli. 
Temps partiel, grêve, retraites, muffins, sorties cinéma, théâtre, rhume, bavardages, anniversaire, vieillesse, café, salades, amies, trop, pas assez, jamais satisfaite...

2020, je n'ai encore rien publié cette année. Je n'ai pas le temps, pas l'envie, pas le besoin. Et pourtant... Moins j'écris et plus je me perds. Aujourd'hui, j'ai ressenti ce gouffre qui s'est créé peu à peu entre moi et moi-même, entre ce que j'étais et ce que je suis devenue, entre ce que j'ai acquis et ce que j'ai perdu.

La vérité est que je n'ai plus le temps de me retrouver ou alors est-ce une excuse ? En tout cas, je n'arrive pas à entrer dans cet état de lucidité transcendentale (sortons les grands mots) qui permet l'écriture. 
Je ne suis jamais seule et jamais libre : mes pensées voguent toujours de l'une à l'autre des mille choses à faire (concevoir des cours de latin, corriger des copies, me cultiver sur la civilisation greco-romaine, sur les films de collège au cinéma,  m'interroger sur les élèves collées à cause de l'option équitation, acheter des habits en solde et les renvoyer, réfléchir à ce qu'on mange à midi, jouer à des jeux, lire des livres, caresser Tigrou, partager mes pensées ou regarder un film...). 

J'ai beaucoup évolué : j'ai été titularisée, j'ai perdu 20 kilos, je commence à m'en sortir en tant que prof, je suis dans une relation stable et je suis Pacsée. Tout va pour le mieux, je veux donner l'image d'une femme qui avance, qui fait du sport, qui lit des livres, qui se cultive et qui ne se laisse pas abattre. Quelqu'un de positif et de compétent qui a laissé les problèmes derrière, qui a tourné la page. L'illusion a si bien fonctionné que je ne m'estime plus en droit d'évoquer mes problèmes devant mes amies. 
Mais ce n'est pas pour autant que l'image parfaite qui leur est renvoyée est la réalité. La vérité, c'est que parfois ça ne va pas et que je ne peux plus le dire. Mes malheurs sont dérisoires et je n'ai plus personne à qui les confier. Personne n'a envie de les entendre, personne n'a envie de m'écouter Alors je me tais. J'attends que ça passe. Et même moi, je ne m'écoute plus. Mais parfois, je réalie que je suis fatiguée. Et ces derniers jours à cause de plein de petites choses qui s'ajoutent, je ne vais pas très bien. Ce n'est pas grave. Il y a des hauts et des bas et demain, peut-être que tout ira mieux. 

En attendant, je voualais juste dire qu'on ne tire pas un trait aussi facilement sur qui on était et aujourd'hui, je me suis souvenue que j'avais aussi le droit de pleurer. Et que ce n'était pas grave s'il n'y avait personne pour m'écouter.

Voilà une vérité fondamentale. 

Et justement,  peut-être que c'est en abolissant tout dialogue avec autrui que je peux renouer le lien qui m'unissait à la feuille de papier. 







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