dimanche 30 septembre 2018

"Ces lettres à écrire m’exténuent, m’excèdent ; elles ne me laisseront pas travailler... Il n’y a pas là amitié qui tienne ; j’enverrais la meilleure au diable... Mais je ne le fais pas. Je finis toujours par écrire ; pour avoir la paix, la paix avec moi-même ; car tant que je n’ai pas écrit, je me reproche de ne pas écrire. L’ennui c’est que, quand on écrit tout de suite, l’autre répond ; et que, tant qu’il n’a pas répondu, j’attends sa lettre.
 "

André Gide, Journal, avril 1903

mercredi 26 septembre 2018

Impression d'être perpétuellement en retard sur la vie, de devoir courir après mon existence.
Quand serai-je donc en phase avec la réalité ?


Trop rares moments de sérénité.
Musique, chat, thé.
Cultiver l'art de la détente en plein carnage.


Pour survivre, faire de l'inutile quelque chose d'essentiel.

Ecouter danser les notes.
Chercher à prendre un peu de profondeur.
Ecrire des mots sur un clavier, dans un carnet.
Souffler.
Ne parler à personne d'autre que soi-même.
Contempler la poésie perdue du monde.
Tâcher de la retrouver.
Penser à tous les auteurs que l'on a pas lus et que l'on aura probablement jamais le temps de lire.
Ne surtout pas perdre espoir.
Souffler.
Apprendre le langage des choses muettes.
Se dire qu'on a de la chance d'avoir une vie aussi exaltée.
S'en réjouir secrètement. (Essayer de ne pas le déplorer.)
Et profiter de chaque instant.
Sans chercher à rattraper tous ceux qui sont déjà passés !



jeudi 13 septembre 2018

Prise dans un mouvement d'ascension négative.
Exténuée, je dégringole.

jeudi 6 septembre 2018

Qui n'a pas écrit, n'a pas vécu

Des fois, quand je ne suis pas ici, j'écris des choses sur des carnets ou, si la situation ne se prête à l'écriture manuscrite, sur mon téléphone.
Certaines choses restent secrètes mais d'autres mériteraient peut-être d'être recopiées (je le faisais autrefois) mais la temporalité me pose problème.

Dois-je changer la date de mon article pour qu'il corresponde à la date d'écriture de mon texte ? Et qu'en est-il des textes auxquels j'ai pensés mais que je n'ai pas pris le temps d'écrire, que j'écris si l'on peut dire de façon posthume, une fois que l'émotion première s'est diluée ?

Il serait tellement plus simple de pouvoir arrêter le monde pour prendre le temps d'écrire.
Nous sommes sans cesse bousculés.

Et je note ces questionnements que je sais sans réponse ici, en sachant très bien qu'ils n'intéresseront personne. Tant pis, cela m'allège et me libère.

Certaines choses doivent être écrites


C'est drôle cette propension qu'ont les choses à être perçues différemment une fois couchées sur le papier.

L'écriture est la condition suprême de l'apaisement.
Elle permet de mettre entre parenthèses (ce monde qui grouille) pour accéder à la Sérénité.

J'ai passé un été à ne m'occuper que de moi. Égoïstement, j'ai joui de ma liberté.
Et puis tout d'un coup, presque sans prévenir, ou que l'on s'y attende (après tout ce temps, on se disait que le jour n'arriverai jamais) : la rentrée. 

Prendre en charge une centaine d'âmes après des semaines à ne penser qu'à soi... Le choc est violent, riche, important, enrichissant mais brutal. Tellement de grandes choses dans toutes ces si petites vies. Tellement de souvenirs, de joies, de peines, de sourires et de larmes. Moi, je suis au croisement de tous ces êtres qui ne demandent qu'à pousser, qu'à s'épanouir. Je n'ai pas le droit de me tromper, de faire de faux-pas. Séduire sans se la péter, se faire respecter sans braquer, enseigner sans ennuyer... Telle un équilibriste, je marche sur la corde raide, avec sourire et détermination mais au fond de moi, je suis tiraillée par la peur terrible de tomber. Parce que je sais par expérience qu'une chute est si vite arrivée. 

L'exploit n'en sera que plus beau. 


"Sais-tu ce que c'est, toi, que d’être malade, de s’en aller de la caisse ? Sais-tu ce que c’est que de rentrer vite chez soi, que d’espérer l’appui de la personne qu’on aime, et que de trouver la chambre vide et que d’attendre ? 

Attendre ! Je la connais cette chambre. Si je la connais ! Je connais les réclames rouges et vertes qui s’allument et qui s’éteignent et qui ont l’air de tics d’un vieux maniaque. 
Je connais les taxis qui font semblant de s’arrêter, qui ralentissent et qui passent. Et chaque fois, le cœur s’arrête de battre. Je connais l’ascenseur qui monte à l’étage au-dessus ou qui s’arrête à l’étage au-dessous et le bruit des autres portes.Je connais les aiguilles de la pendule qui filent à toute vitesse si on ne les regarde pas, et qui, si on les regarde, se glissent comme des voleurs, si lentement qu’on ne les voit pas remuer et qu’on croit que la pendule se trompe.Attendre. Faire attendre, chez toi, c’est de l’art ! Un supplice chinois. Tu connais tous les trucs, tous les moyens les plus épouvantables de faire du mal et de nuire.
Ce que j’ai attendu ! Je compte jusqu’à mille, jusqu’à dix mille, jusqu’à cent mille. Je compte mes pas entre la fenêtre et la porte. Je combine des calculs pour que mes pas comptent le double. Je mets un disque. Je commence un livre et j’écoute. J’écoute avec toute ma peau comme les bêtes ! Et quelques fois je n’y tiens plus et je téléphone.Je téléphone dans une de ces sales boîtes où tu traînes, où tu dois torturer d’autres femmes. Et tu viens toujours de partir ! Et jamais on ne sait où tu es parti. Et la dame du lavabo qui prend une voix de mère-poule, une voix compatissante. Ah ! Celle-là, je la tuerais ! 
Du reste, il est possible que je te tue. On cite des femmes qui ont tué leur amant pour moins que ça. Attendre, attendre, attendre, attendre ! C'est à devenir folle, et ce sont les folles qui tuent ! Après je me tuerai. Je ne supporterai pas de vivre sans toi. J’en suis certaine. Mais que veux-tu, c’est un réflexe ! "




Le Bel indifférent - Cocteau