lundi 16 mars 2020

Une nouvelle menace pèse sur la planète. On la regarde de loin, on ne prend pas la chose au sérieu. On se moque des Chinois qui construisent un hôpital en moins de dix jours. On s'interroge sur les retombées économiques pour Samsung et pour le prochain Iphone. On se croit intouchables. On évoque les autres épidémies : le SRAS, la vache folle... On relativise : "ca va, il tue beaucoup moins que la grippe ce virus". 
Et puis, le virus se rapproche. Il est en Italie. On se pose la question des élèves italiens qui ont passé les vacances à l'étranger. On fait la rentrée. Lundi, rien. Mardi, on leur demande de rester chez eux... Mercredi cette mesure est annulée. Les élèves viennent, on ne sait pas trop. On plaisante : faut-il se faire la bise ? Allez, on la fait quand même ! On n'a pas peur puisqu'on est jeunes et qu'on a peu de risque de l'attraper. Vendredi, on pense à autre chose. On quitte une formation car on a vraiment trop mal au ventre. On revient à la maison après avoir vomi dans les toilettes du collège. On se tord de douleur, on n'arrive pas à dormir même si on est KO. On est vraiment mal en point. Et samedi, on savoure la joie d'être en vie et de pouvoir sortir même s'il y a du vent. On va manger des huitres avec Laura et son copain à Istres. Il n'y a presque personne, dix fois moins de gens que l'an dernier. Les gens ont-ils peur du virus ? Que se passe-t-il ?

Les cas se multiplient. On continue notre vie. On va au collège, en formation à Aix, au CA à Miramas, à Avignon pour une nouvelle formation. On passe voir ses grand-parents et on espère ne pas être atteint. On se pose la question, on regrette un peu d'être venu mais en même temps... les occasions sont si rares. Le soir, on va voir des amies, on refait la bise. Ca fait du bien de parler, ça faisait longtemps. On parle du virus, de son impact sur nos vies (Maison du monde a fermé ses magasins en Italie). Jeudi, on va voir une expo à Salon. Une touriste italienne marche sur le pied de Nicolas et s'excuse en italien. Ca nous fait beaucoup moins rire. J'ai un peu mal à la gorge, suis-je malade ? Je deviens hypocondriaque. Je vais à l'aquagym, ça me fait du bien. Vendredi je suis encore en formation à Aix. L'après-midi, on nous demande de nous installer dans un minuscule bureau pour observer une expérience scientifique : personne n'ose s'opposer. Quelqu'un remarque que pour éviter la contamination ce n'est pas top. La formatrice répond que c'est déjà trop tard. 

La veille Macron avait fait une intervention télévisée : il évoquait le fermeture des écoles à partir du lundi 16 mars tout en maintenant le premier tour des élections municipales. Face à ces mesures contradictoires, nous nous interrogions. On a passé tout le week-end à attendre, essayant de savoir si on irait au collège, si on ferait les conseils de classe... On a écouté le discours de Blanquer qui mentait ouvertement aux Français leur disant que le système était prêt pour faire cours à distance... On a attendu. 

 On apprend à rester confiné chez nous, on cède même à la panique : on va faire des courses alors que les placards et le frigo sont pleins. On se décourage devant le Leclerc bondé, plein de gens qui ne respectent pas les préconisations. On participe à un conseil de classe en visioconférence. Et ce soir, lundi, on a appris qu'on était en temps de guerre. Alors oui, forcément on a peur. On se demande comment ça va se passer si...? 

Et il faut accepter de ne pas savoir.

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